Ma vie est plutôt banale, mais je vais quand même tenter de vous la conter. C'est un beau jour de janvier que je suis né, le 8, à Itea. Je suis arrivé dans une famille ni trop riche ni trop modeste et je suis fils unique. Aujourd'hui, j'ai 25 ans et je suis plutôt une personne téméraire, ardente, attrayante, nostalgique, spontané. Je n'ai suivi pas d'études et je suis cuisto dans un restaurant. Dans la vie, l'amour est parfois une chose bien difficile même en étant hétérosexuel ; je suis donc célibataire. Je suis revenu à Galaxidi depuis un an.

Ce que j'aime ? Beaucoup de choses comme par exemple me sentir libre, la bonne bouffe, les sensations fortes. En revanche, je déteste rester trop longtemps calme, que l'on me prenne pour le dernier des attardés, me sentir acariâtre les jours de mauvaises humeur. Les gouts et les couleurs ne se commandent pas, hein. Comme tout le monde, Je possède quelques manies et habitudes comme par exemple claquer des doigts, trop souvent, me lever tôt, trop tôt, être quelque peu claustrophobe, trop fumer. Dans la vie, je suis plutôt du genre à pratiquer n'importe quel sport, lire pas mal de bouquins, mais jamais trop longtemps, voyager. Un talent caché ? Peut être bien. Quoi qu'il en soit, depuis petit, j'en ai vu des vertes et des pas mures. La plus marquante ? C'était aux États-Unis, en Louisiane, dans le bayou. On enjambait les marécages et j'ai vu deux crocodiles qui dormaient. J'ai relevé le défi d'en embrasser un, et je l'ai fait, avant de partir en courant, de peur de le réveiller. Minable, hein ? Enfin bref, voilà ma vie, mon univers, bien que je préfère garder quelques mystères.

Alors que Cyrus priait pour l'anniversaire de la mort d'Elvis Presley, Thalie saisit les clés de sa maison et de la voiture de son mari en le suppliant de l'accompagner à l'hôpital. Elle était en train de perdre les eaux, son petit garçon poussant pour sortir du tas de peau dans lequel il était enfermé depuis huit mois. Oui, il est né prématurément ce jeune homme. Manger par le nombril devait être plutôt dérangeant pour lui. C'est ainsi que quelques heures plus tard, naquit le petit Anyse.

Incontrôlable. Le gamin était incontrôlable. Sa mère cherchait après lui dans toute la maison, l'entendant rire du haut de ses trois ans, mais sans savoir où. Il courrait, changer de cachette et se faisait trouver en haut d'un olivier, au beau milieu du jardin donnant sur la mer. Thalie ne savait plus quoi faire de son gosse. Elle ne voulait qu'une chose: le discipliner un minimum. Demain c'était la rentrée et cet Anyse n'était pas vraiment apte à se rendre à l'école dans ses conditions. Galaxidi ne courrait pas d'écoles primaires et elle ne comptait vraiment pas passer une heure sur la route juste parce que son fichu fils s'était fait renvoyer. Elle était désespérée. Ce n'était même pas une bonne blague une fois par jour dans le genre « tu-me-cours-après-et-je-suis-mort-de-rire », non, c'était de vraies conneries, h24. Une fois il avait même failli brûler la maison. Cyrus était arrivé à temps, pour une fois.
Ce fut donc dans l'oppression qu'Anyse grandit. On lui refusait beaucoup de choses. Peut-être même trop. Il ne restait pas en place très longtemps mais les cabrioles lui étaient formellement interdites, ne sachant jamais à quoi s'attendre. Ses professeurs en bavaient tous les jours, et ce jusqu'au lycée. Il ne pouvait s'empêcher de faire diverses bagatelles, allant de parler avec son voisin jusqu'à se cacher dans l'armoire durant une heure, bien qu'il ne dépasse jamais le quart d'heure. Oui, il était hyper actif et cela débouchait sur une certaine claustrophobie, sans aller jusqu'à des crises d'angoisses non plus. Enfin, dans tous les cas c'était un ouragan. Il était si turbulent qu'il ne devint bon qu'en sport au final. Ses parents consultèrent tout de même un médecin qui leur prescrit des médicaments adéquates. Le problème étant de les lui faire ingurgiter, ce qui relevait de l'exploit épique. Parfois ils pensaient à le piquer. Oui bon, c'était atroce mais il fallait se rendre à l'évidence; ce gamin n'avait pas de problème, il était un problème.


Arrivé au lycée, il devint assez mature pour se contrôler un minimum. Cela ne voulut pas dire qu'il redoubla d'efforts pour rattraper sa pauvre moyenne gagnée au collège. Non, il continua son insolence et éveillait beaucoup d'inquiétudes auprès de ses parents. Ils avaient peur que leur unique fils tombe dans une sorte de... dépravation ? Ce fut en découvrant le premier paquet de cigarette qu'ils comprirent que leur Anyse ne tournait pas dans le bon sens. Ils ne voulaient même pas parler du bulletin ou du ressenti des professeurs. C'est ainsi qu'un soir, tout explosa entre le père et le fils. Cyrus avait beau être un fainéant de première classe, il connaissait ses priorités. Et l'une était son unique gosse. La guerre fut donc déclarée ce soir-là et pendant deux heures, les insultes fusèrent, deux assiettes furent cassées et Thalie était en larme. Anyse avait alors dix-huit ans et trainait pour sa deuxième année consécutive en terminale. Le lendemain de cette soirée, il avait disparu.

Au début, ça lui faisait tout drôle d'avoir quitter le foyer familial, lui qui, malgré son côté ingouvernable, avait l'habitude d'être couvé par sa mère. Le voilà maintenant lâcher en pleine nature, un sac de voyage sur l'épaule, une sacoche sur l'autre et la liberté devant lui. Il partit ainsi, un peu à la « lonesome cow-boy » me direz-vous, ou à la Jack Kerouac, chacun ses références. Ca le démangeait depuis longtemps de pouvoir faire ça. Et sur un coup tête, il avait enfin eu le cran de le faire. C'était le début de sa vraie vie.

Anyse n'avait aucune envie de revoir Galadixi. Ni sa famille. Ni une salle de cours. Il écrivit tout de même des cartes postales à chaque beaux coins où il s'arrêtait pour ne pas se faire déclarer disparu auprès de ses parents. Pendant plusieurs années, il parcouru le monde, sans port d'attache, suivant son chemin et se dépensant comme il avait envie de se dépenser. Il courrait après la vie qu'il avait toujours regretté; celle d'un vagabond. Il partit d'abord en France, un pays qu'il avait toujours voulu voir. Il travailla deux mois dans un restaurant grec à Paris comme cuisinier, plutôt bien payé, logeant dans un appart' en collocation. Puis prit un train faisant le tour de l'Europe de l'est. Il lui resta suffisamment d'argent pour s'installer un trimestre en Irlande et nettoyer les chambres d'un grand hôtel pour financer son billet pour les Etats-Unis. Il s'envola donc pour le rêve américain, travaillant par-ci, par-là, puis quittant une ville pour une autre. Il tenta le Canada aussi, ainsi que la Cordillère des Andes qu'il escalada pendant plusieurs semaines. Il revint ensuite s'installer un an à la Nouvelle-Orléans. Il était tombé amoureux de cette ville-là.

Ce voyage lui avait tant appris. Il ne pouvait énumérer toutes les merveilles qu'il avait vu. Il était dorénavant persuadé que la Louisiane serait son nouveau foyer. Il y rencontra même une fille là-bas. Un serveuse qui bossait dans un restaurant voisin à la librairie où lui-même travaillait. Ils se croisaient dans le snack de la rue et après deux mois, Anyse lui proposa de s'installer dans l'appartement qu'il louait pour un temps indéterminée. Mais il se rendit bien compte que ce n'était pas la vie dont il rêvait. Lui, le passionné de liberté, le vagabond solitaire, il se retrouvait casé, posé (même si c'était pour un temps indéterminé) dans un pays qu'il ne connaissait pas au fond. Il eut soudain peur de prendre des habitudes. Habitudes qu'il effectuerait chaque jour. Non, certainement pas. Un beau matin il prit la fuite et continua son tour du monde, passant par l'Asie, l'Australie et la Nouvelle-Zélande.
Cependant, durant cette période-là il ne peut repenser au mal qu'il avait fait. Que ce soit auprès de ses parents ou de la belle américaine. Ce fut dans une rue de New Delhi qui décida, sur un coup de tête (comme la plupart de ses décisions après tout), de rentrer chez lui, enfin.

Galaxidi avait changé. Ils avaient entrepris de nombreux changements. C'était tout un nouveau quartier qui avait poussé, près de l'ancien. Anyse ne reconnaissait plus son village d'enfance. Il parcourait les rues en se demandant même s'il ne s'était pas tromper de bus, s'il était bien à Galaxidi. Mais certaines rues étaient de piètres copies de l'architecture d'origine, parfois plus hautes, cachant le soleil et retenant la brise méditerranéenne. Quand il arriva devant chez lui, rien n'avait changé, contrairement au reste du village. Il poussa la porte, ouverte avec ses anciennes clés maintenant rouillées. Il n'avait pas vraiment d'idée précises de la durée de son voyage. Mais quand il vit sa mère, il comprit que ce n'était pas une ballade de quelques heures. Elle avait changé, quelque peu, mais gardait ce sourire, cette fraîcheur d'antan. Il n'était pas non plus parti dix ans mais il se rendait peu à peu compte que son périple lui avait donner plus que le regret de d'être volatilisé.
Quand il demanda ce qu'il en était de son père, Thalie eut la mine blême. Cyrus était à l'hôpital, mal en point. Il avait une tumeur au cerveau et l'opération était non seulement coûteuse mais aussi risquée. Anyse participa financièrement et ne put s'empêcher, pendant les jours qui suivirent, de rester près de son père et de lui conter ses aventures aux quatre coins de la planète. Il en avait encore des étoiles pleins les yeux.

Son père succomba à l'opération. Anyse se lamentait de ne pas avoir été près de lui plus longtemps avant son décès. Tant pis, se disait-il. Ce sont des choses qui arrivent, on ne peut les arrêter, mais nous sommes capable de les surmonter. Et bien qu'il soit profondément affecté, il tentait de passer au dessus, de tourner la page, ce que sa mère peinait à faire.
Depuis un an il vit avec elle, dans la maison qu'il a toujours habité, à Galixidi, dans ce petit ancien quartier, sans trop se souciait des problèmes qu'ont les habitants entre eux. Il s'occupe de sa mère, de lui, il rattrape le temps perdu.

Maia me doit une bière !
Pauline, Past-Ice dans le milieu, 17 ans, deuxième Première ES (n'en soyons pas fière), et vit dans la grande plaine du Nord. J'ai découvert le fo grâce à Em' (Maia pour les intimes) et j'ai craqué, bien qu'étant pas si sure de mes dispos en ce moment x) Mais j'vous promets de m'auto-botter le cul pour ce fo, bien intéressant. Et pourquoi je l'ai choisi ? Parce que j'ai un très bon souvenir de mon unique voyage en Grèce.